lovrary

Sonnet 98: Que Dieu, Qui Tout D’Abord Me Fit..

Que Dieu, qui tout d’abord me fit votre serf, me garde de contrôler même par la pensée vos heures de plaisir, ou d’implorer de vous le compte de vos moments ! Ne suis-je pas votre vassal, tenu d’attendre votre loisir ? Oh ! puissé-je, soumis à un signe de vous, supporter la prison d’absence que me fait votre liberté ! Puisse ma patience, apprivoisée à la souffrance, subir chaque contre-temps sans vous accuser d’un tort ! Allez où il vous plaira : votre charte est si large que vous avez à vous seul le privilége de votre temps. Faites ce que vous voudrez ; c’est à vous de vous pardonner à vous-même le crime d’égoïsme. Moi, je suis fait pour attendre, bien que l’attente soit un enfer, et je ne blâme pas votre plaisir, innocent ou coupable. *