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Sonnet 95: Mais Va, Démène-Toi Pour Te Dérober..

Mais va, démène-toi pour te dérober à moi. Tu m’appartiens sûrement jusqu’au terme de ma vie. Ma vie ne durera pas plus longtemps que ton affection, car c’est de ton affection pour moi qu’elle dépend. Donc, quel besoin ai-je de craindre la pire de tes cruautés, puisque la moindre d’entre elles doit terminer ma vie ? Je le vois, mon existence n’est pas de celles qui dépendent de ton humeur. Tu ne peux pas me torturer de ton inconstance, puisque je dois succomber à ta première désertion. Oh ! l’heureux privilége que j’ai là, heureux d’avoir ton affection, ou heureux de mourir ! Mais quel bonheur est assez pur pour n’avoir pas de tache à craindre ? Tu peux me trahir sans que j’en sache rien.