Sonnet 90: Contre Le Temps, Si Jamais Ce Temps..
Contre le temps, si jamais ce temps arrive, où je te verrai sévère pour mes défauts, où ton affection réglera son compte avec moi, poussée à ce calcul par des considérations réfléchies ; Contre le temps où tu passeras devant moi comme un étranger, et où tu me salueras à peine d’un rayon de tes yeux ; où ton amour, cessant d’être ce qu’il était, invoquera les arguments d’un grave parti pris : Contre ce temps-là, je me fortifie dès à présent dans la connaissance du peu que je vaux, et je lève la main contre moi-même pour maintenir le bon droit de ton côté. Pour m’abandonner à ma misère, tu as la force des lois, puisque je ne puis alléguer de motif pour que tu m’aimes.