Sonnet 9: Dans Le Vieux Temps, La Brune..

Dans le vieux temps, la brune n’était pas trouvĂ©e belle, ou, si elle l’était, elle ne portait pas le nom de la beautĂ© . Mais aujourd’hui la brune hĂ©rite de la beautĂ© par succession, et la calomnie par des attraits bĂątards. Depuis que la main humaine a usurpĂ© le pouvoir de la nature, en embellissant la laideur par un masque mensonger, la beautĂ© idĂ©ale n’a plus de nom, plus de moment sacrĂ©, mais elle est profanĂ©e, si elle ne vit pas en disgrĂące. Les yeux de ma maĂźtresse sont noirs comme le corbeau, et cette couleur leur sied ; car ils semblent porter le deuil de toutes ces beautĂ©s qui, n’étant pas nĂ©es blondes, calomnient la crĂ©ation par une fausse apparence. Mais la couleur du deuil va si bien Ă  ses yeux chagrins que tout le monde dit : « La beautĂ© devrait ĂȘtre brune. »