Sonnet 86: Ce Que Les Yeux Du Monde Voient De..
Ce que les yeux du monde voient de toi, nâa rien que la pensĂ©e intime puisse rĂ©former : toutes les langues, qui sont voix de lâĂąme, te rendent cet hommage, forcĂ©es Ă la vĂ©ritĂ© par lâaveu mĂȘme de tes ennemis. Ta personne extĂ©rieure est donc couronnĂ©e de la louange extĂ©rieure ; mais ces mĂȘmes langues, qui tâaccordent ainsi ce qui tâest dĂ», Ă©touffent cet Ă©loge sous des exclamations toutes diffĂ©rentes, quand la critique se porte au delĂ de ce qui sâoffre aux yeux. Le monde veut juger la beautĂ© de ton Ăąme, et, dans ses conjectures, il la mesure Ă tes actions ; alors, quelque favorables que te soient ses yeux, ses pensĂ©es malveillantes prĂȘtent Ă ta fleur charmante lâodeur de la ronce nausĂ©abonde. Mais pourquoi son parfum nâest-il pas apprĂ©ciĂ© comme son Ă©clat ? La raison, câest quâelle devient commune. *