Sonnet 33: Prends Toutes Mes Amours, Mon..

Prends toutes mes amours, mon amour, va, prends-les toutes : qu’auras-tu donc de plus que ce que tu avais d’abord ? Il n’est pas d’amour, mon amour, qui m’appartienne rĂ©ellement. Tout ce qui est Ă  moi Ă©tait Ă  toi, avant que tu me prisses cela encore. Si tu comprends mes affections dans mon affection, je ne puis te blĂąmer, car tu disposes de mon affection ; mais sois blĂąmĂ© si tu te trahis toi-mĂȘme en goĂ»tant complaisamment de ce que toi-mĂȘme tu rĂ©prouves. Je te pardonne ton larcin, gentil voleur, bien que tu fasses main basse sur tout mon pauvre avoir ; et pourtant l’affection sait que c’est une plus grande douleur de subir l’outrage de l’affection que l’injure prĂ©vue de la haine. Ô grĂące lascive qui donnes du charme au mal mĂȘme ! Va, tue-moi de dĂ©pit ; nous ne pouvons pas ĂȘtre ennemis.