Sonnet 146: Oh ! De Peur Que Le Monde Ne Vous..

Oh ! de peur que le monde ne vous somme de raconter quel mĂ©rite vivait en moi pour que vous m’aimiez ainsi aprĂšs ma mort, — cher amour, oubliez-moi tout Ă  fait ; car vous ne pourriez montrer en moi rien qui vaille, À moins que vous n’inventiez quelque vertueux mensonge, pour m’attribuer plus que je ne mĂ©rite, et que vous ne couvriez ma vie Ă©teinte de plus de louange que n’en accorderait spontanĂ©ment l’avare vĂ©ritĂ©. Oh ! pour que votre amour si vrai ne paraisse pas menteur dans un Ă©loge immĂ©ritĂ© fait de moi par votre indulgence, que mon nom soit enterrĂ© avec mon corps, plutĂŽt que de me survivre pour votre confusion et pour la mienne. Car j’ai honte du peu que je vaux, et vous auriez honte aussi de votre amour pour un ĂȘtre indigne.