Sonnet 140: Comme Les Vagues Se Jettent Sur..

Comme les vagues se jettent sur les galets de la plage, nos minutes se prĂ©cipitent vers leur fin, chacune prenant la place de celle qui la prĂ©cĂ©dait ; et toutes se pressent en avant dans une pĂ©nible procession. La nativitĂ©, une fois dans les flots de la lumiĂšre, monte jusqu’à la maturitĂ© et s’y couronne. Alors les Ă©clipses tortueuses s’acharnent contre sa splendeur, et le temps dĂ©truit les dons dont il l’avait comblĂ©e. Le temps balafre la fleur de la jeunesse, et creuse les parallĂšles sur le front de la beautĂ© : il ronge les merveilles les plus pures de la crĂ©ation, et rien ne reste debout que sa faux ne tranche. Et pourtant dans l’avenir mon vers restera debout, chantant tes louanges, en dĂ©pit de sa main cruelle.