Sonnet 139: Temps Dévorant, Émousse Les Pattes..
Temps dévorant, émousse les pattes du lion, et fais dévorer par la terre ses propres couvées ; arrache la dent aiguë de la mâchoire du tigre féroce, et brûle dans son sang le phénix séculaire. Fais les saisons gaies et tristes dans ton vol rapide, et dispose à ta guise, Temps au pied léger, du monde immense et de toutes ses délices éphémères. Mais il est un crime que je te défends, le plus odieux de tous : Oh ! ne creuse pas avec tes heures le front pur de mon amour, et n’y trace pas de lignes avec ton antique plume : laisse-le passer immaculé dans ton cours, comme un type de beauté pour les générations futures. Mais non ! acharne-toi, vieux Temps : en dépit de tes injures, mon amour vivra dans mes vers à jamais jeune ! *