Sonnet 130: Ô Honte ! Avoue Que Tu N’Aimes..
Ô honte ! avoue que tu n’aimes personne, puisque tu es si imprévoyant pour toi-même. J’accorde, si tu veux, que tu es aimé par beaucoup : mais que tu n’aimes personne, cela est trop évident. Car tu es tellement possédé de haine meurtrière que tu n’hésites pas à conspirer contre toi-même, en cherchant à ruiner ce faîte splendide qu’il devrait être ton plus cher désir de réparer. Oh ! change d’idée, que je puisse changer d’opinion ! La haine sera-t-elle donc mieux logée que le doux amour ? Sois, comme est ton extérieur, gracieux et aimable ; ou sois, du moins, aimable pour toi-même. Crée un autre toi-même pour l’amour de moi ; que ta beauté vive en ton enfant, comme en toi.