Sonnet 106: Ma Muse, Bouche Close, Garde..

Ma muse, bouche close, garde discrĂštement le silence, tandis que votre louange, compilĂ©e en riches commentaires, est gravĂ©e Ă  jamais avec une plume d’or sur une phrase prĂ©cieuse taillĂ©e par toutes les muses. Je pense de belles pensĂ©es, tandis que les autres Ă©crivent de belles paroles, et, comme un clerc illettrĂ©, je crie toujours : Amen ! Ă  chaque hymne qu’un esprit supĂ©rieur vous apporte sous la forme achevĂ©e d’une plume raffinĂ©e. Quand je vous entends louer, je dis : C’est cela ! c’est vrai ! et j’ajoute quelque chose au dernier mot de l’éloge ; mais c’est dans ma pensĂ©e, oĂč mon amour pour vous, refoulant toute parole, garde toujours le premier rang. Donc, apprĂ©ciez chez les autres le souffle des paroles, et chez moi le langage rĂ©el des pensĂ©es muettes.